R  E  V  U  E     N ° 2                N  O  V  E  M  B  R  E      1  9  9  5

E     D    I    T    O    R    I    A    L

 

 

         Depuis le premier numéro de Ars Sonora, le monde de la musique électroacoustique a vu disparaître Pierre Schaeffer.

         Il était tout naturel que nous demandions à des compositeurs qui ont vécu dans l’intimité de sa pensée de nous apporter leurs témoignages ; c’est ce qu’ont fait François Bayle et Michel Chion. Tout au long des années, la référence à Schaeffer n’a pas cessé de se transformer, en partie à cause du caractère protéiforme de ses activités, en tant que compositeur, théoricien, écrivain, homme des media. Et cette évolution des attitudes du milieu musical vis-à-vis de lui semble aujourd’hui se confirmer, par delà les prises de position polémiques qui ont longtemps prévalu.

         Dans ce second numéro, nous avons souhaité poursuivre l’idée d’une confrontation d’articles et d’entretiens qui répondent à des modalités véritablement diversifiées de réflexions et d’écriture :

. Informations permettant d’approcher une réalité musicale et expérimentale géographiquement différente de la nôtre, dans l’entretien de Christian Zanési avec le compositeur québecquois Robert Normandeau.

. Questionnement sur la naissance et le cheminement d’un projet compositionnel spécifique, dans l’entretien de Jean-François Minjard avec Bernard Parmegiani.

. Explorations de notions générales qui apparaissent déterminantes dans la démarche électroacoustique, telles celles de morphologie et d’objet sonore (pour Horacio Vaggione), de matériau et de son fixé (pour Michel Chion).

. Évocation des rapports interactifs entre écoute, geste compositionnel et écriture, dans le texte de Christian Rosset.

. Réactualisation d’un épisode historique qui demeure un des jalons incontournables de la musique du XXème siècle : le mouvement futuriste, à travers les recherches et écrits de Luigi Russolo, présentés et restitués dans le contexte culturel de l’époque par Philippe Blanchard et G. Franco Maffina.

         Et nous ne pouvons que souhaiter que ces quelques axes de réflexion suscitent réactions et ramifications, que se multiplient les initiatives de tous ceux qui s’estiment concernés par le devenir de nos musiques. Ars Sonora et sa revue sont là pour ça.

Jean-Yves Bosseur