En mars et mai derniers se sont tenues deux réunions d’enseignants en informatique musicale et composition électroacoustique, en vue de constituer un groupe de travail sur la pédagogie de l’informatique appliquée à la création musicale. Ce groupe est actuellement rattaché à Ars Sonora, association qui réunit une grande diversité de studios sans privilégier un courant esthétique particulier. Il bénéficie par ailleurs du soutien bienveillant du C.D.M.C. et de la Direction de la Musique et semble correspondre à un besoin réel de contacts entre tous les acteurs de la pédagogie de ce secteur. La majorité des personnes initialement contactées se sont manifestées ou ont pu être présentes à ces réunions, et il a été décidé de poursuivre un travail d’échange d’informations et de connaissances, centré sur la problématique de l’évolution des technologies informatiques et leur appropriation par les enseignants, ceci sans présumer d’autres demandes, formulées an cours de ces échanges, ou à venir.
1. Réunion du 20 mars 1996
Marianne Lyon, directrice du C.D.M.C., qui accueille ce groupe de travail, ouvre la séance sur la gravité des menaces qui pèsent sur la création vivante .
La rencontre de professeurs d’horizons géographiques et esthétiques différents, ayant en commun le souci d’une pédagogie efficace de l’informatique appliquée à la musique, a permis de confronter les points de vue liés à la pratique d’un outils à la fois puissant et problématique. L’accompagnement des étudiants, compositeurs ou non, suscite de profondes remises en question, que ce soit sur le plan de la formation de l’enseignant à des techniques en perpétuelle mutation, ou sur celui de la transmission du savoir aux étudiants — souvent impatients d’utiliser ce nouveau matériel. Il est apparu que la plupart des professeurs n’avaient que rarement eu l’occasion :
1. De rendre compte de leurs interrogations face à la transition de l’analogique au numérique.
2. D’émettre de significatives objections par rapport à des logiciels graphiques et musicaux à l’ergonomie limitée, car le plus souvent conçus pour l’arrangement ou la composition de musiques de variété.
3. D’apporter quelques solutions individuelles relatives, par exemple, aux détournements musicaux possibles des dits logiciels, par exemple.
4. Enfin de profiter des expériences et des compétences jusque-là disséminées, afin d’éviter de coûteuses erreurs dans le choix du matériel et des logiciels.
Chaque enseignant a pu préciser son activité pédagogique, ses préférences méthodologiques, et avouer parfois des lacunes au plan technique, naturellement pardonnables compte tenu de l’évolution rapide des logiciels, de plus en plus complexes, et surtout de l’évolution des machines, rendant leur maintenance presque impossible sans une assistance spécialisée.
Enfin, le groupe de professeur ainsi constitué a imaginé et étudié différentes dispositions pratiques, afin d’améliorer le contexte informatique des studios, et, plus particulièrement, d’acquérir un relatif confort pédagogique, nécessaire à la qualité et à l’efficacité de l’apprentissage électroacoustique. La création d’un site Internet, permettant l’échange de matériaux pédagogiques a recueilli une majorité de suffrages. Ces matériaux pourraient prendre la forme de répertoire de professeurs mentionnant précisément leurs compétences, d’une mise à disposition de manuels en français non disponibles sur le marché, d’une banque d’analyses circonstanciées d’œuvres électroacoustiques, de recueils d’exercices de manipulations, ou encore d’éléments de cours ou de réflexions méthodologiques. D’autres vecteurs d’information et d’échanges ont également été envisagés, tels que l’édition de CD-ROM à usage pédagogique, une publication régulière dans la revue Ars Sonora, etc. D’autres enfin ont été adoptés, tels que la constitution d’une liste de studios — précisant la taille, l’équipement, le nombre d’étudiants, les orientations pédagogiques, la durée du cursus —, et la reconduction, au coup par coup pour l’instant, de réunions thématiques semblables à celle-ci.
Situation des studios représentés
C.N.R. de Bordeaux
La classe d’électroacoustique est animée par Christian Eloy depuis sept ans. Trois studios sont mis à sa disposition : le premier plutôt analogique, destiné au mixage, un deuxième purement numérique, avec échantillonneur et système MIDI, et le dernier, consacré à l’initiation, combinant de façon simplifiée numérique et analogique. Malgré une certaine dotation à l’origine, le potentiel technique des studios s’affaiblit aujourd’hui du fait du vieillissement des machines.
Christian Eloy est également responsable d’une U.V. d’électroacoustique, dans le cadre du D.E.U.G. de Musicologie de l’Université de Bordeaux. Il est amené à rencontrer des étudiants atypiques, souvent d’une culture musicale paradoxalement pauvre avec lesquels il effectue un réel travail de découverte, et d’écoute analytique.
Enfin, il agit au niveau des ateliers du G.R.M., destinés à un public de musiciens curieux d’autres horizons esthétiques, sous forme de stages payants de trois fois trois mois, équivalent à un an d’enseignement.
C.N.S.M. de Paris
Trois professeurs y enseignent l’électroacoustique, dont Yann Geslin était leur représentant ce jour. L’enseignement qui y est dispensé est, en théorie, de niveau supérieur ; en réalité, comme il se trouve que peu d’étudiants sont déjà formés à cette matière, l’enseignement comprend une bonne part d’initiation. En effet, les étudiants entrent avant tout en composition instrumentale, domaine pour lequel ils peuvent faire preuve d’un haut niveau de compétence, et doivent suivre dans ce cadre un cours de “Nouvelles Technologies” durant au moins deux ans. Aucun étudiant, contrairement au C.N.S.M. de Lyon, ne peut entrer pour étudier spécifiquement l’électroacoustique, ce qui peut parfois soulever un problème de motivation. Les plus passionnés peuvent poursuivre une troisième année et, depuis 1996, tenter un cycle de perfectionnement spécialisé.
L’équipement est important : huit studios assez vastes, comprenant du matériel datant de cinq à douze ans, en pleine mutation entre analogique et numérique.
G.M.V.L. (Groupe de Musiques Vivantes de Lyon)
Dominique Saint-Martin y travaille depuis cinq ans, son poste a été en quelque sorte créé pour assurer le passage des studios de l’analogique au numérique. Cette transition s’est déroulée sans heurt : les compositeurs lyonnais pratiquent à présent presque tous les tables de montage numériques. Bernard Fort, responsable d’une classe de composition à l’E.N.M. de Villeurbanne, envisage bientôt de ne plus faire travailler les élèves sur du matériel analogique. D. St-Martin, pour sa part, n’a que très peu travaillé sur analogique, cette mutation ne lui a donc posé aucun problème.
C.N.R. de Boulogne-Billancourt
Michel Zbar a créé cette classe il y a une quinzaine d’années, dans une optique d’initiation, puis de préparation aux concours des C.N.S.M. La classe accueille des élèves aux profils très différents, de l’instrumentiste curieux au vrai compositeur, en passant par des graphistes, etc...
E.N.M. de Chalon-sur-Saône
Nicolas Vérin est actuellement professeur dans cette E.N.M., sa classe est constituée en grande partie d’élèves totalement débutants, amenés par une certaine curiosité. Le cursus débute par un an d’apprentissage de techniques analogiques, et ensuite seulement l’élève aborde l’informatique. Les études, organisées en deux cycles, durent de trois à cinq ans. Bien qu’un futur 3ème studio, dédié à la création, soit actuellement gelé, l’équipement est important : un studio pour le 1er cycle, essentiellement analogique, et un pour le 2e cycle, combinant analogique et numérique.
C.N.R. d’Amiens
Le département d’électroacoustique est dirigé par Pierre Boeswilwald, depuis treize ans. Il souligne que la transition entre “graveurs sur disques” et magnétophones s’est faite à l’époque assez facilement au G.R.M., où les deux types de matériels ont coexisté environs dix ans, le second ayant finalement remplacé le premier sans trop de problèmes. Actuellement, l’analogique côtoie encore le numérique dans les studios d’Amiens, mais les difficultés de maintenance, ainsi que les réticences des autorités de tutelle, en restreignent les capacités.
C.N.S.M. de Lyon
Denis Lorrain y est professeur et responsable du département d’électroacoustique et d’informatique musicale. Il a également enseigné à l’I.R.C.A.M. Son expérience pédagogique est particulière : il a toujours enseigné à des élèves très motivés, car de niveau quasi-professionnel. La majeure partie de son enseignement est dédié à l’étude “d’environnement ouverts”, nécessitant l’apprentissage d’un langage de programmation, le reste du temps étant consacré à l’analyse rapide d’environnements du commerce, dans le but d’en éprouver les réelles capacités.
E.N.M. de Pantin
Christine Groult est responsable depuis cinq ans de la classe d’électroacoustique de ce conservatoire, et intervient également à l’E.N.M. de Chalon-sur-Saône. Les étudiants, qui viennent en majorité de Paris ou de Pantin, sont souvent des instrumentistes issus de conservatoires, et parfois déjà compositeurs. Le cursus débute par un an de techniques analogiques, suivi de deux à trois ans de composition sur ordinateur, les magnétophones étant encore très souvent présents dans les processus compositionnels. La transition entre analogique et numérique s’est faite relativement facilement, même s’il manque à l’ordinateur une sorte de “dimension corporelle”, un certain jeu de type instrumental par rapport aux paramètres du son, qu’il est pourtant capable de gérer en temps réel.
Musiques et Recherches, (Belgique)
Annette Vande Gorne enseigne l’électroacoustique en Belgique depuis dix ans, (dans des contextes équivalents à celui d’un conservatoire national supérieur), d’abord à Liège, puis à Bruxelles, et enfin à Mons. Mais la création de ce type de classe pose des problèmes à l’administration belge. En effet, l’enseignement spécifique de la composition électroacoustique n’est pas prévu, et surtout, pour des raisons historiques, plus difficile à justifier qu’en France.
Il a fallu donc trouver le moyen de faire exister cette classe, sans l’aide de subventions ni de structures administratives officielles. Par conséquent, A. Vande Gorne a du, dans un premier temps, ouvrir son studio personnel à la pédagogie, puis a obtenu trois cents mètres carré de studio au conservatoire de Mons, mais vides de tout matériel. Elle s’occupe actuellement de dix à quinze étudiants par an, répartis sur un cursus de trois ans minimum. En fonction du niveau, chaque étudiant a entre six et seize heures d’étude par semaine, dans deux studios analogiques, et un numérique. La pédagogie est basée sur des exercices de type G.R.M., avec très peu de cours techniques, cet aspect étant comblé par l’entraide entre étudiants. Ils effectuent deux ans d’exercices, puis un an de composition, (analyses en cours collectif). Depuis cette année, il n’y a plus d’apprentissage analogique précédant celui du numérique, les élèves ayant souvent déjà du matériel informatique chez eux. Les étudiants disposent également d’un acousmonium de trente haut-parleurs, qui permet l’organisation régulière de concerts thématiques, et donne une place importante à l’étude de la spatialisation. Enfin, à l’examen final, l’étudiant présente deux pièces, ainsi qu’une analyse circonstanciée d’une œuvre de son choix.
C.F.M.I. de Poitiers
Régis Renouard Lariviere y anime un module d’électroacoustique, dont le studio de taille restreinte, est uniquement analogique. Le cursus s’effectue sur un an seulement, à raison de six heures de cours par mois. Il est prévu que ce module s’équipe, prochainement et progressivement en numérique.
E.N.M. de Perpignan
Denis Dufour y a repris la classe de composition électroacoustique, après quinze ans d’enseignement au C.N.S.M. de Lyon. Il est très attaché à une démarcation nette entre musique instrumentale et acousmatique. La pédagogie est fondée sur l’énoncé d’exercices à caractère musical, il y a peu de cours techniques, dans le but de conserver une certaine adaptabilité de ses étudiants. Le cursus se déroule sur trois ans, toutes techniques confondues.
E.N.M. d’Angoulême
Élisabeth Sikora y est responsable du studio électroacoustique depuis onze ans. L’équipement est à la fois numérique et analogique. Son assistant est un ancien élève, qui est chargé plus spécialement de l’aspect informatique. Le cursus dure trois ans. Chaque élève suit le cours collectif, d’une durée de deux heures, qui permet un travail d’écoute important, et dispose de deux heures de travail personnel, ainsi que d’une heure de cours particulier.
E.N.M. de Montbéliard
Roland Cahen a étudié avec Pierre Schaeffer et Guy Reibel, puis devient assistant de Pierre Boeswilwald, et enfin quitte Amiens pour Montbéliard, où il crée et anime une classe de musique électroacoustique depuis trois ans, et donne parallèlement des cours à l’université de Lille dans le cadre du C.F.M.I. Le studio de l’E.N.M. de Montbéliard est un petit local, mais le matériel est récent.
Intervenants extérieurs
Christian Zanési. Venu représenter l’association Ars Sonora, et informer l’ensemble des participants que la revue leur est ouverte, afin de diffuser le fruit de leurs réflexions.
Daniel Habault. Effectue des stages ponctuels, destinés à faire le lien entre la technique et les besoins des musiciens, une sorte d’ingénierie musicale.
Débats
La réunion s’est poursuivie par un échange d’idées très ouvert. Il est apparu que l’acuité des problèmes et un désir accru d’échanges d’expériences ont permis ce rapprochement, au-delà des divergences esthétiques ou de la disparité des moyens à disposition de chacun :
1. Problèmes de l’abstraction de l’accès au musical à travers les outils informatiques.
En général, nous constatons que le maniement de la souris, des menus et des sous-menus, etc, ralentissent considérablement l’acquisition de réflexes, et rompent la continuité des processus compositionnels. Y-a-t-il un appauvrissement dû à un manque de liberté dans l’ergonomie informatique ? Ou peut-elle être assimilée au bout du compte, au même titre que certaines manipulations analogiques ? Cette appropriation de l’outil est une clé de son détournement — qui est pour nous une dimension importante.
Il reste que cette assimilation est longue et que le temps d’apprentissage de l’informatique en tant qu’outil prend une place souvent trop importante dans le cursus d’un étudiant — même si nous sommes conscients qu’il ne faut pas confondre les problèmes personnels des enseignants avec les ceux des étudiants.
2. Problèmes liés aux modes d’emplois et aux documentations dont nous disposons concernant le matériel que nous utilisons.
Ces documentations ne sont que très rarement en français (avec une exception pour Studio Vision). Ce qui est d’ailleurs illégal, l’importateur étant tenu d’en fournir la traduction. Il ne le fait pas, souvent par paresse ou par économie. Il faut cependant noter qu’il arrive que la traduction mette tellement de temps à être fournie (notamment pour des questions d’autorisations de la part du constructeur), que lorsqu’elle paraît enfin, le logiciel en question est remplacé par une nouvelle version...
En tant que groupe constitué, ne pourrions-nous faire pression, et exiger la traduction des manuels ? Ne serait-ce que pour obtenir des modes d’emploi résumés, ce qui serait déjà pas mal...
3. Problèmes de communications entre nous : d’où l’idée de créer un réseau :
Il faudrait regrouper nos expériences au sujet du matériel, pour ne pas refaire les mêmes erreurs. Toutefois, plutôt que de tout faire reposer sur des correspondances individuelles ou une sur une centralisation, (reposant sur des activités bénévoles — avec le risque qu’elles s’épuisent rapidement), il semble que le réseau Internet pourrait être une bonne solution. C’est une solution qui ne demanderait pas trop d’investissement de temps.
La principale difficulté, finalement est de parvenir à convaincre les structures (notamment les conservatoires) dont nous dépendons de la nécessité pour nous d’une telle organisation.
Actuellement, il existe une initiative du Conseil de l’Europe visant à combler les inégalités entre Nord et Sud à propos de l’utilisation des réseaux. Par conséquent, le ministère sert d’interface provisoire pour régler les problèmes à tout les échelons de l’enseignement artistique. Et en ce qui concerne la musique, l’objectif du ministère est de prospecter auprès des conservatoires, afin d’évaluer la possibilité d’y installer un Net, les studios électroacoustiques de conservatoire semblant être des sites privilégiés, et, imaginent-ils, de très haute technologie... Il existera un serveur “Conservatoire”, l’équipement s’assortissant évidemment d’une subvention, dont nous ne connaissons pas le montant... Cela reste néanmoins une occasion à saisir.
2. Réunion du 20 mai 1996
Dès cette seconde réunion, il a été possible :
1. De définir les grands axes de travail :
Travail sur la pédagogie proprement dite : projets, plans de cours, élaboration d’exercices...
Questionnement sur le temps d’assimilation des différents outils (cf. ci-dessus, réunion du 20 mars) : détermination de la part de l’enseignement consacrée à l’apprentissage technique, et part consacrée à la création proprement dite.
Accès à un nombre d’analyses d’œuvres plus important que celui dont nous disposons aujourd’hui. (Via Internet, notamment).
Groupement d’achats afin d’obtenir des réductions de prix.
2. De fixer trois tâches à effectuer pour la troisième réunion :
Rédaction d’un questionnaire précis, sous forme de fiche de renseignements sur les classes d’électroacoustique (dénomination de l’enseignement, type de structure, repères historiques, moyens techniques, moyens structurelles complémentaires, moyens humains, projet pédagogique, cursus, productions, etc.). Ce questionnaire a été envoyé à un grand nombre de personnes concernées. A cette occasion un travail de fichier d’adresses a été entrepris.
La rédaction de deux exercices musicaux, faisant appel aux moyens informatiques, a été demandée afin de constituer un premier fonds de réflexion et d’inventions communes.
Enfin, un dossier a été déposé à la D.D.M.D. pour demander une aide dans le but de créer un site Internet.
3. Une réflexion a été amorcée sur plusieurs thèmes :
Les titulaires du CA sont de moins en moins titularisés.
Certains professeurs responsables d’une classe ne sont toujours pas titularisés faute de concours organisés par le C.N.F.P.T. Ce problème est commun aux différentes matières de l’enseignement musical. Toutefois le présent groupe pourrait constituer un dossier précis sur ce qui est propre à l’enseignement de l’électroacoustique.
Statuts des participants au groupe.
Il est décidé d’un commun accord que ce groupe reste ouvert aux professeurs d’électroacoustique sans a priori esthétiques. Ce groupe pour des raisons pratiques est rattaché à Ars Sonora. Ses membres ne sont néanmoins pas nécessairement adhérents de cette association. Il bénéficie par ailleurs du soutien bienveillant du C.D.M.C., qui met ses locaux à disposition. Bénéficiant ainsi de statuts déjà constitués, il peut focaliser son énergie directement sur une réflexion d’ordre pédagogique
Faut-il réorienter les objectifs du groupe sur la pédagogie de l’informatique ou bien rester sur la position de la première réunion : Celle d’une approche plus globale de la pédagogie de l’électroacoustique ?
Bien que les positions semblent fort éloignées au départ, il apparaît au fil de l’échange qu’elles ne le sont pas tant que cela. Si l’on entre dans des considérations esthétiques trop précises et trop différentes, on risque de tourner en rond de manière infructueuse, au lieu de partager ce qui peut être mis en commun. (On pourrait d’ailleurs dans le cadre des réunions, faire des séances plus spécialisées au sein d’un groupe plus général.)
Dénomination du groupe.
Après avoir remis en question chaque mot de l’intitulé, il est décidé de garder la première idée, en insistant sur l’aspect créatif de notre travail. On passe donc de “l’informatique appliquée à la musique”, à “l’informatique appliquée à la création musicale”.
Élaboration d’études et d’exercices destinés aux étudiants.
Une réflexion approfondie a commencé sur ce sujet.
Aucun exercice technique n’est dénué de sens artistique. C’est cette complémentarité entre technique et artistique qu’il faut articuler dans une pédagogie. Il y a imbrication indissociable des deux aspects, il y a des gestes techniques qui sont instrumentaux et seule la conscience qu’on en a peut leur donner de la musicalité.
La question devient plus problématique dans un environnement informatique qui est plus complexe et qui nécessite un niveau de connaissance minimum. Il est impossible de faire le moindre exercice musical sans un apprentissage préalable.
L’enseignement hebdomadaire est mal adapté à l’apprentissage de l’informatique. Le stage intensif — tel qu’il est pratiqué dans certaines universités américaines — est mieux adapté.
La notion d’exercices et d’études reste-t-elle pertinente dans le cadre de l’informatique ? Il est difficile de retrouver avec l’informatique la cohérence de la démarche pédagogique de l’analogique.
Il serait peut être plus efficace de travailler sur des projets d’œuvres courtes, sur lesquelles la motivation musicale et la fascination qu’exercent les nouveaux outils semblent suffisamment attractives pour que les étudiants s’investissent.
On a besoin de redéfinir le projet pédagogique. Certains exercices peuvent être réalisés collectivement. Il y a aussi l’idée d’exercices dirigés ou libres, certains sont de l’ordre de l’exécution, en dégageant l’esprit d’une certaine préoccupation esthétique, et en portant l’attention sur des gestes et sur une vitesse de réalisation ; d’autres doivent être repris en main au cours de leur réalisation.
Avec un logiciel commercial comme Studio Vision Pro, on peut proposer des fiches de réalisation “clés en main”, avec des indications pas à pas en même temps que les objectifs de l’exercice : par exemple, donner un motif et faire faire des variations à base de couper-coller.
Il serait intéressant aussi de proposer un exercice à explorer à plusieurs, c’est-à-dire donner une fiche technique sur un exercice très verrouillé sur séquenceur et sur disquette, que l’on ferait réaliser chacun de son côté, pour confronter ensuite nos expériences et nos développements éventuels.
Il est, de toute façon, intéressant de confronter nos démarches pratiques.
(Étaient présents à cette seconde réunion : Roland Cahen, Christian Eloy, Yann Geslin, Christine Groult, Daniel Habault, Denis Lorrain, Luis Naon, Nicolas Vérin, Elisabeth Sikora, Michel Zbar.)
Une troisième réunion s’est déroulée le 13 novembre dernier, dont il sera rendu compte dans le numéro suivant de Ars Sonora Revue.
Une prochaine réunion se tiendra le 13 janvier 1997, de 14 heures à 19 heures, dans les locaux de C.D.M.C. Pour tout renseignement complémentaire, il est possible d’appeler soit le C.D.M.C. (01 47 15 49 83), soit Christine Groult, au 01 45 35 87 81 (téléphone et télécopie).