R  E  V  U  E     N ° 4                N  O  V  E  M  B  R  E      1  9  9  6

E     D    I    T    O    R    I    A    L

 

 

         L’œuvre électroacoustique est la conséquence d’une chaîne d’activités dont aucune ne devrait être considérée comme d’importance secondaire. Le travail d’expérimentation en studio est, certes, une étape déterminante, mais la tâche du compositeur est loin de s’arrêter là. Et c’est bien ce que montrent plusieurs des articles de ce quatrième numéro de Ars Sonora Revue.

         De même, un studio ne constitue pas un lieu clos, laboratoire refermé sur lui-même ; son rayonnement dépend partiellement de son aptitude à instaurer des dialogues avec d’autres centres de recherche, favoriser des rencontres ; les propos de Michel Redolfi, en ce qui concerne l’évolution du C.I.R.M., illustrent parfaitement cet état de fait.

         Les deux textes de Patrick Ascione sont spécifiquement axés sur le contenu même de l’œuvre musicale, et sur les moyens que le compositeur peut être amené à déployer pour la transmettre, avec les enjeux esthétiques que supposent ses choix.

         impliquant un changement notable d’attitude vis-à-vis de l’acte de création, la musique électroacoustique introduit de nouveaux “gestes” compositionnels, ce que François Delalande analyse avec un esprit de synthèse et une acuité de jugement qui permettent d’évaluer dans quelle mesure elle s’écarte tout à la fois des pratiques de l’écriture et de l’oralité sur lesquelles était fondée la pensée musicale jusqu’à ces dernières décennies.

         Contrairement aux idées reçues qui persistent encore çà et là, la démarche électroacoustique n’aboutit pas nécessairement à des produits figés une fois pour toute ; la notion d’interprétation se charge alors de conséquences que nous ne commençons qu’à peine à entrevoir. C’est ce dont témoignent les communications de Hélène Planel, Bertrand Merlier, François Bayle, François Donato, Marc Favre et Denis Dufour, lors d’une table ronde organisée dans le cadre de Futura 96, sur le thème de : l’interprétation des œuvres acousmatiques.

         Enfin, la dimension pédagogique constituant un maillon indispensable pour le développement de nos musiques, Christine Groult et Nicolas Vérin proposent un compte-rendu de réunions sur l’enseignement de l’informatique musicale, où l’on trouvera de précieuses informations sur les principaux lieux qui se consacrent à cette discipline.

                                                        Jean-Yves Bosseur