R  E  V  U  E     N ° 7                M  A  R  S      1  9  9  8

E D I T O R I A L

 

 

            Avec ce septième numéro, Ars Sonora inaugure une nouvelle rubrique, ouverte sur les dimensions internationales de la démarche électroacoustique ; ainsi découvrons-nous, à travers un entretien avec Nicolas Vérin, dans quelle mesure Steve Reich en propose une approche qui se différencie fondamentalement des hypothèses de recherche développées dans les studios européens, tout en manifestant certains points de conjonction.

            Les diverses facettes de l'activité d'un compositeur qui consacre une grande partie de sa réflexion et de sa pratique au domaine de l'électroacoustique, s'imposent par ailleurs de manière très vivante dans la troisième partie de l'entretien avec Denis Dufour, où les apports de la création, de l'enseignement et de la diffusion apparaissent dans leur complémentarité.

            Après ces deux témoignages, Ars Sonora se propose de nous faire entrer dans un débat d'idées à partir de problématiques déterminantes pour l'évolution des musiques sur supports, qui concernent notamment la conception de l'espace et les multiples conséquences qu'il suppose, tant sur les plan de la conception que de la transmission. En effet, loin de se limiter à des notions strictement techniques, ce qui est en jeu ici, c'est l'émergence de nouveaux gestes de création et de diffusion, qui reposent à leur manière les conditions de l'écoute.

            Projeter une œuvre musicale dans un espace, jusqu'à en arriver à élaborer une architecture qui lui soit parfaitement adaptée était déjà une des mesures préconisée, vers la fin des années vingt, par Mondrian, qui imaginait des concerts où seraient facilités les allers et venues des auditeurs dans la salle, améliorées ses propriétés acoustiques de manière à ce qu'elle puisse répondre aux exigences de précision propres aux configurations de  surfaces sonores. Imaginait-il pour cette musique synthétique, qu'il nommait « néo-plasticiste », un espace stéréophonique ou multiphonique, nous ne le saurons évidemment jamais. Mais cette articulation entre le matériau sonore et son déploiement dans l'espace demeure un défi que relèvent à leur manière les nouvelles générations qui se consacrent à la démarche acousmatique.

            Et les divergences d'opinion exprimées par Jean-Marc Duchenne et Bruno Bocca sont à cet égard des plus instructives.

            Après les analyses et considérations tout à la fois générales et dûment argumentées que contiennent les textes de Duchenne et de Bocca, l'article de Denise Garcia nous offre la description tout à fait concrète d'un concert (donné il y a exactement un an à la Maison de Radio France) qui présente précisément plusieurs modalités de réponse au principe de la multiphonie, à travers des œuvres de François Bayle, Jacques Lejeune, François Donato, Denis Dufour, Daniel Teruggi, Christian Zanési, Jean Schwarz, commandées à cette occasion.

Jean-Yves Bosseur