Faut-il dissoudre le compositeur

dans un bac d’acide sulfurique ?

Bruno Bianchi

 

 

La réponse est évidente :

Non, le compositeur est déclaré d’utilité publique !

Nous nous expliquons ; nous avons, nous, compositeur, la noble tâche de “divertir” notre entourage et en même temps une certaine peine à trouver cette place indispensable dans notre belle société d’aujourd’hui ou le mercantilisme et l’opportunisme sont des valeurs de plus en plus admises, reconnues et pratiquées.

Nous avons au sein de notre planète, une place de capitale importance dans la mesure où notre “activité” (oserais-je l’avancer) est absolument essentielle pour l’épanouissement de nos proches, moins proches voire notre cher grand-public.

Eh ! oui, tout cela.

Je me plais à chaque fois qu’il m’est possible de placer cette petite phrase — Oh ! Picsou des sous ! — auprès de nos belles institutions culturelles, s’affirmant du haut de leurs luxueux immeubles flambant neufs qu’il n’est pas nécessaire, à l’artiste, d’avoir  des “sesterces” pour s’adonner aux joies de la création. Plus dingue encore :

Imaginez un monde sans peinture, sans littérature, sans sculpture... (Et la liste est bien heureusement illimitée), mais vous deviendriez complètement dingue !

Plus aucun spectacle, plus de pleurs, plus de rires, plus de révolte... rien.

Un artiste, c’est certain, doit avoir le ventre plein pour qu’il puisse être le plus “performant” possible ; nous qui aimons tant les bonheurs terrestres !!!...

A ce moment-là, infailliblement mon interlocuteur honteux et repentant me demande sans plus tarder :

Je vous en supplie, où dois-je envoyer mes fonds ?

Eh ! oui, imaginons que le monde entier décide de ne plus payer d’impôts grâce aux “achats” qu’il nous ferait... Ce serait l’avènement planétaire de l’Art. La culture serait enfin un produit “achetable”, de rentabilité voire de spéculation, ce qui d’une façon certaine correspond déjà à une réalité. Nous serions alors plus d’une fois par jour, obligés de repousser les offres d’aides innombrables qui nous seraient offertes ; et comme le dit si bien le commun des mortels :

 ...et comme nous avons tant l’habitude de le dire : « Encore du caviar ! »

Ne succombons pas à l’appât du gain.

Pardonnez mes très chers collègues, de m’être laissé aller à ce “delirium trop épais” qui ne doit être que la conséquence du trop de soleil que nous avons eu à subir ces temps derniers.

Moralité : Bouffons, car de toute façon, nous crèverons quand même !

Un conseil : Pour vivre heureux, vivons cachés (du soleil) car ça fait mal à la tête.

            Votre dévoué, Bruno Bianchi.